Le code comme outil critique
Samantha Zannoni
Séminaire UR numérique
31/03/2022 - 31/03/2022

Samantha Zannoni

La programmation comme outil critique contemporain : le code comme objet d’étude socio-culturel

Jeudi 31 mars

10 h – 12 h au Labo NRV

Lien visio : https://meet.google.com/zdq-shet-axd


Comment l’analyse et l’étude des pratiques de la programmation contemporaine peut-elle être un moyen de comprendre et d’agir sur la société ?
Nous utilisons de nombreux logiciels – au sens large, algorithmes, programmes, applications – au quotidien, et nous ne questionnons même plus leur présence ou leur fonctionnement. Pour la plupart, nous les utilisons parce qu’ils sont devenus des « standards ». Que se passe-t-il si l’on s’écarte de ces outils fait « pour » nous et que nous commençons à concevoir des outils fait « par » nous ?
Les logiciels, et plus généralement les outils numériques, font partie intégrante de notre environnement personnel ou professionnel. Il est donc important de les analyser d’un point de vue esthétique, politique et social. C’est en partie ce que font les softwares studies, un champ de recherche interdisciplinaire initié au début des années 2000 par Lev Manovich et Matthew Fuller, qui étudie les rapports des nouvelles technologies avec l’art et la culture. Dans leur prolongement, les critical code studies, fondées par Mark C. Marino, analysent le code source dans son ensemble : Les CCS proposent de lire le code comme on le ferait avec un texte de littérature. Ses méthodologies passent par des processus interprétatifs, pas seulement prescriptifs ou descriptifs. Des recherches comme celles réalisées par Winnie Soon et Geoff Cox, présentées dans leur livre « Aesthetic Programming : A Handbook of Software Studies », sont en lien direct avec les Software Studies, et dans une certaine mesure avec les CCS. Elles croisent théorie de la culture computationnelle, esthétique et études culturelles, avec un intérêt particulier pour les relations de pouvoir assez méconnues telles les inégalités relatives à la classe, le genre, la sexualité, la racialisation et les restes de l’héritage colonial. Leur livre, qui ressemble à première vue à un tutoriel pour apprendre le code, n’a pourtant pas comme objectif de nous apprendre à être des bons ou des mauvais programmeur*euse*s. Ici, la volonté des auteur*ice*s est plutôt de proposer aux programmeur*euse*s ou à l’apprenti*e*s programmeur*euse*s de regarder le code autrement que comme un outil technique dénué de sens et purement fonctionnel.

Durant ce séminaire, je présenterai un état des lieux de ma recherche en cours en m’appuyant sur un corpus de projets qui questionnent et combattent les oppressions systémiques actuelles, comme par exemple Vocable Code de Winnie Soon, Kratos Gratos d’Eugénie Bidaut, ou encore Badass Fonts by Wxmen de Loraine Furter.

Je présenterai également la manière dont je mets en forme cette recherche dans des projets comme Hérosinx? que j’ai exposé dans le cadre de l’exposition Mutanx & Momix, ainsi que mon carnet de recherche en cours https://samanthazannoni.fr/recherche-dsrd-2022/