Première semaine avec Beam
Recherche en téléprésence, épisode 1
10/2018

  • L'écran de connexion du robot Beam connecté et prêt
  • L'interface de pilotage du robot Beam
  • Eugénie Zély apparaît dans l'écran du robot Beam

BEAM est un robot de visioconférence mobile pour l’entreprise, l’éducation et l’événementiel.
Plus d’infos : https://telepresence.awabot.com/

Ne pas confondre avec le concept robotique de BEAM qui vise à construire un robot avec le minimum de composants. Lire la définition : https://fr.wikipedia.org/wiki/BEAM_(robotique)

Découvrez les échanges qui ont été activés par différents acteurs de l'équipe du labo NRV dans le cadre de cette expérimentation.
Robotique
Vidéo

Nicolas Frespech : enseignant.  

Nous avons testé le robot Beam (https://telepresence.awabot.com/produit/beam-max/) dans le cadre de la réunion Cybersistas. Nous avons invité Eugénie Zély (https://eugeniezely.hotglue.me/), artiste dont une vidéo était projetée dans le cadre de cette rencontre. Une dizaine de personnes était présentes. 
L’artiste a été informée avant de la possibilité de son intervention et connaissait l’existence de ce type de robot. Elle a été invitée à télécharger le logiciel (https://app.suitabletech.com/installers/stable) de contrôle du Beam, sur son poste fixe (Mac) et son téléphone mobile. Une prise en main provisoire de la machine a été accordée, un peu tard pour faire des tests. Prévoir dans le futur de faire ces tests en amont. 
L’artiste connaissait auparavant l’espace physique où se déroulent les rencontres.  
Pour d’autres invités il serait intéressant de présenter l’espace en amont mais aussi de fournir un plan des lieux (http://labo-nrv.io/a-propos/) avec les zones autorisées ou interdites. Il est conseillé d’informer les participants de la présence lors de la rencontre d’un robot de téléprésence, si désaccord ces personnes sont alors invitées à quitter la réunion lors de l’activation du robot. Il est conseillé lors de l’invitation d’une rencontre par courriel d’informer de la présence possible de l’activation du robot.  Pour éviter certains conflits pourquoi ne pas apposer une affichette  à l’entrée du labo, même si il reste à clarifier pour un certain public la différence entre téléprésence (https://telepresence.hotglue.me/) et vidéosurveillance (https://www.cnil.fr/fr/la-videosurveillance-videoprotection-sur-la-voie-publique) – qui doit être déclarée à la CNIL ! 
L’espace des meubles agencés lors de la rencontre doit aussi être anticipé pour une circulation plus fluide et une prise de parole et de l’espace facilitées. Pour la prise de parole il serait important de faire un tour de table de présentation des interlocuteurs présents dans la salle.  
Question diffusion, l’artiste n’avait pas plein accès à la vidéodiffusion (qualité de l’image, position du robot…) d’une vidéo dans l’espace de réunion. Le groupe semblait trop important pour une prise de parole de qualité (qualité et volume sonore, déplacement et discussion avec les interlocuteurs présents IRL ). La présence du robot doit alors être mieux anticipée.  
Un créneau de téléprésence est à envisager : combien de temps, tout le temps ? Comment valoriser la présence de la personne qui utilise le robot (espace, interaction, documents partagés…), mixer téléprésence, chat, courriel, téléphone… ?
Pourquoi ne pas former des volontaires pour appréhender la téléprésence et ainsi mieux comprendre ce que peut ressentir l’invité “robot”.  
L’artiste invitée à utilisé l’appli poste fixe (site des Beaux arts de Nantes, WiFi ou 3-4 G ?) et l’appli mobile, profitant d’une connexion 4G, elle a pu intervenir avec le groupe directement de l’extérieur (ce qui pose à nouveau la question de la vidéosurveillance, mais cette fois-ci dans le sens inverse ). Attention aux bruits parasites (moto….). 

Eugénie Zély : artiste.

J’ai été invité dans le cadre d’une réunion des cybersistas.
L’invitation était impromptue et j’aurais pu travailler un peu mieux ma présence en téléprésence et en projection puisqu’on projetait un film dans lequel on me voit (https://artitube.artifaille.fr/videos/watch/7425821b-fa2b-4503-8cb1-6728144114c6). En terme de position dans l’espace le robot-moi aurait pu être face public puis présenter le travail. 
On est pas vraiment là quand son corps n’y est pas ce qui implique une coopération du groupe. Bizarrement le robot-moi a plus besoin d’attention que moi. Ce que je veux dire c’est que le son n’étant pas optimal, je ne pouvais pas intervenir dans les échanges de peur de tomber à côté puisque je n’étais pas certaine d’avoir bien compris tout ce qui se disait et que j’avais très partiellement accès au contenu montré. 
Donc, à mon sens, il faut soit un groupe plus petit, soit centraliser l’attention sur l’invitée robot (et donc réduire le temps de sa présence dans la réunion). 
Peut être y aurait il un intérêt à produire des réunions où il faut prendre soin de l’invité robot d’une manière spécifique (ce n’est pas un humain, ce n’est pas un robot) : attention à sa place dans l’espace, attention plus grande aux sons qu’il émet. Et aussi trouver une solution pour que les différentes vidéos projetées lui soient montrées avant.
Pour revenir à une question plus féministe, si on peut dire, l’invité robot, si on lui accorde l’attention que je décris ci-avant, devient dominant et il domine avec le consentement de l’assemblée présente. Peut-être que cette manière de présence peut permettre de question moins les questions de privacy dont on se balance vu qu’on est dans un lieu public que la question de l’assignation produite par le lieu public. La place de sa parole et comment le care est en potentiel aliénant ? 
Hier, étant un robot, j’étais à l’écart du fait de ma condition semi-humaine. 
Bon après l’un dans l’autre on m’a pas fait de remarque sur mon physique ! Cela étant Nicolas Frespech m’a déplacé et hors la blague que j’ai faite il se produit quand même quelque chose d’étrange : on se sent là où on est pas. Et on s’y sent, pour avoir vécu les deux, autant que dans la réalité virtuelle. Sauf que la réalité virtuelle rend le corps vulnérable alors que le beam objective un sujet.

Vinciane Mandrin : étudiante et coordinatrice du club Cybersistas.

Je suis d’accord que pour ce genre de séance il faudra plus réfléchir à l’avance aux temps de parole de chaque personne, et à la place du robot/invité.e. Pour moi le statut de la personne invitée par Beam est vraiment comparable à celui de quelqu’un qu’on inviterait à un entretien par Skype (https://fr.wikipedia.org/wiki/Skype).
Je suis d’accord que la présence du robot peut être complétée par un échange tchat/messagerie instantanée pour envoyer les images que l’on projette/les vidéos dont on parle, qui sont difficilement visibles via la caméra du robot. 
Avoir une connexion stable parce que les bugs rendaient parfois difficile la compréhension. 
Aussi comme c’était la première fois que l’on faisait ce genre de séances il y avait un effet « nouveauté » : surprise, rires, étonnement face à la machine. Les prochaines fois, une fois que tout le monde sera habitué à la présence du robot (https://www.erudit.org/fr/revues/pr/2009-v37-n1-pr3092/001233ar.pdf), on pourra sûrement établir un dialogue un peu plus naturel (rappelez vous les premiers skype, on passait le temps de la conversation à se faire coucou et à être émerveillé.e.s de se voir en direct live). 
Le robot Beam et la téléprésence de manière générale ouvrent beaucoup de potentialités pour mon club cyberféministe : nous pourrions organiser des conférences/tables rondes avec un.e intervenant.e en Beam, plus structurées au niveau du temps de parole de chaque partie. 

Célia Bonnet-Ligeon : coordinatrice du labo NRV.

Je savais qu’Eugénie serait invitée à cette session de CyberSistas sans connaître précisément le programme de la session. Quand je suis arrivée, la rencontre avait déjà commencé : je n’ai pas identifié tous les étudiants présents de manière individuelle mais j’ai repéré le robot de téléprésence et suis allée dire bonjour à Eugénie.
Question : est-ce que le Beam apporte au « pilote » une présence accrue ? J’ai l’impression que la personne pilote prend l’ascendant sur les personnes présentes, même si le groupe est nombreux (une dizaine d’étudiants et d’enseignants confondus ce jour-là).
Je l’opposerai à une présence via Skype qui, pour moi, « amoindrit » la présence d’une personne dans le sens où elle est souvent tributaire de critères techniques (qualité du réseau, de la vidéo, etc.) et d’une attention spécifique à son encontre (sinon elle est inaudible).
 
Durant la session, j’ai observé qu’Eugénie-Beam essayait de se déplacer mais je n’ai pas réussi à comprendre ses intentions : je ne savais pas si elle voulait s’approcher du mur de projection, du speaker ou autre chose.
Pendant un temps, alors que le robot était immobile (http://catherinebeaugrand.fr/carnets/tag/fait-divers-robotique/) sa présence s’est même confondue avec les autres individus du groupe. Ce point d’équilibre était intéressant d’un point de vue dynamique de groupe ; en même temps, il me semble qu’Eugénie n’a pas pu / voulu / eu l’occasion de participer entièrement à la session.
 
Sur la connexion au Beam, une autre expérience que je relate ici : le lendemain de sa réception, j’ai apporté le Beam en réunion d’équipe Subsistances, sans avertir les autres utilisateurs du robot. Après une rapide démonstration à mes collègues, j’ai laissé le Beam connecté à côté de moi pour démarrer la réunion. Trente minutes après environ, le robot s’est allumé et Nicolas est apparu sur l’écran. Réaction immédiate de sa part : surprise ! réaction immédiate de la part de l’équipe : coucou Nicolas ! La même situation s’est reproduite quelques temps après avec David-Olivier Lartigaud. La surprise d’une situation du Beam a rapidement amené les utilisateurs à la déconnexion.
J’aimerais tester d’autres situations de « surprise » : mettre le robot (déconnecté) dans un espace insolite et inviter des utilisateurs à se connecter. Pourquoi pas ensuite les laisser revenir au labo NRV par leurs propres moyens… à la manière du robot autostoppeur canadien (https://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/08/04/hitchbot-le-robot-auto-stoppeur-retrouve-demembre-aux-etats-unis_4710705_4408996.html)

Keywa Henri : étudiante Art 3.

Ce n’est pas vraiment similaire à Skype. Utiliser Skype, Facetime ou ce genre d’application instantanée, nous implique dans une certaine mécanique : l’interlocuteur reste « figé », et ces logiciels sont mis à la disposition de l’utilisateur. Celui-ci, maître de son PC ou son téléphone portable a un contrôle important : qu’est-ce que l’interlocuteur voit, qu’est-ce qu’on montre de nous, où est-ce qu’on positionne notre outil… Avec le Beam, l’interlocuteur est utilisateur actif, il prend une part plus importante de contrôle  et de possibilités, il prend possession de l’espace, de la situation, et d’une certaine façon de l’image. Et ainsi, les personnes et les éléments présents dans le même cadre que le robot, se retrouvent exposés tel un livre ouvert. Les individus présents ont une emprise amoindrie sur l’utilisateur du Beam, comme intégrés dans l’espace, assimilés à un ensemble. Pour les prochaines rencontres : réfléchir à la dimension sonore, aux zooms et autres possibilités de cette technologie.

A suivre…